SÉNECA DIGITAL

Revista digital del IES Séneca


febrero de 2012

número 4
ISSN: 1988-9607
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EL CANON LITERARIO DE ANTONIO VARO

Antonio Varo Pineda
Profesor de Lengua Castellana y Literatura

Seguimos con poemas en francés. Ahora es un romántico, Alphonse de Lamartine, el que nos presenta su texto más conocido. Yo lo leí por primera vez con catorce años, en la asignatura de Literatura Francesa que teníamos en 5º de Bachillerato y tuve que hacerle un comentario de texto en francés (que, por cierto, me suspendieron porque me dejé copiar por un compañero); el poema, un poco largo, lamenta de forma muy dulcemente melancólica el paso del tiempo, o mejor dicho, la rapidez con que pasan los buenos momentos de la vida: el poeta escribió el poema junto al lago de Bourget, recordando su estancia de un año antes junto a su amada; en esta ocasión Lamartine está solo, porque ella (que estaba casada con otro hombre) ha debido permanecer en París, debido a una enfermedad que poco después se la llevaría a la tumba. El poema es el siguiente:

Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âges
Jeter l’ancre un seul jour?
 
Ô lac! l’année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu’elle devait revoir,
Regarde! je viens seul m’asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s’asseoir!
Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l’écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.
Un soir, t’en souvient-il? nous voguions en silence;
On n’entendait au loin, sur l’onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.
Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos;
Le flot fut attentif, et la voix qui m’est chère
Laissa tomber ces mots:
«Ô temps! suspends ton vol, et vous, heures propices!
Suspendez votre cours:
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours!
Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent;
Oubliez les heureux.
Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m’échappe et fuit;
Je dis à cette nuit: Sois plus lente; et l’aurore
Va dissiper la nuit.
Aimons donc, aimons donc! de l’heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons!
L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive;
Il coule, et nous passons!
Temps jaloux, se peut-il que ces moments d’ivresse,
Où l’amour à longs flots nous verse le bonheur,
S’envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur?
Eh quoi! n’en pourrons-nous fixer au moins la trace?
Quoi! passés pour jamais! quoi! tout entiers perdus!
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus!
Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez?
Parlez: nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez?
Ô lac! rochers muets! grottes! forêt obscure!
Vous, que le temps épargne ou qu’il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir!
Qu’il soit dans ton repos, qu’il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l’aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux.
Qu’il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l’astre au front d’argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés.
Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu’on entend, l’on voit ou l’on respire,
Tout dise: Ils ont aimé!»

(Puedes leerlo en español en este enlace).


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